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Assemblée générale du comité audois du Mouvement de la Paix

Capendu 9 mars 2013

 

Chers Amis,

 

L’année 2012 a été marquée par la poursuite d’une crise économique qui  continue de frapper les pays de l’Union Européenne sans épargner la France.  

Partout elle s’est traduite par des politiques d’austérité qui n’ont fait qu’accroître les difficultés économiques et sociales ;

La croissance est restée en berne, le chômage s’est accru en touchant prioritairement les catégories les plus fragiles, la précarité et la pauvreté se sont installées durablement.

Cette situation, outre ses conséquences dramatiques pour de nombreuses familles, a engendré un climat d’insécurité, de tensions, de pertes de repères propices à la montée des thèses xénophobes et racistes

Au lieu de favoriser l’action collective citoyenne elles ont conduit à dévoyer les angoisses, les injustices et les frustrations  vers le repli individuel, pire la recherche de boucs émissaires  

Cette crise financière et économique a frappé à des degrés divers sur tous les continents mais plus brutalement encore  parmi ceux déjà les plus vulnérables.

Loin de se réduire les inégalités ont continué de s’élargir, tant au Nord qu’au Sud.  

Au début de ce siècle 1 milliard d’êtres humains, soit 1/6 de la population mondiale  disposait d’à peine 1 $ par jour pour survivre. C’est le cas pour la moitié des habitants de l’Afrique subsaharienne.

Chacun peut imaginer ce que cela représente de souffrance et de drames humains. Ces situations indignes sont aussi des bombes à retardement qui menacent la stabilité mondiale, la sécurité humaine et la paix.

 

Le premier semestre 2012 a été fortement marqué par la campagne présidentielle  dans laquelle le Mouvement de la Paix  a pris  place en faisant valoir ses préoccupations auprès des candidates et candidats.

A travers leur vote  nos concitoyens ont exprimé une volonté de changement   politique et une attente forte en matière sociale.

Dix mois après l’installation du nouveau gouvernement, le changement promis a toujours du mal à se concrétiser.

Dans les domaines qui nous concernent, c'est-à-dire les problèmes de paix, de défense et de sécurité, de désarmement et de  relations internationales nous n’avons pas vu de changements notables avec les politiques précédentes.

Le budget de la défense est resté   à un niveau élevé et les programmes de modernisation de l’armement nucléaire ont été maintenus et sanctuarisés ; la présence de la France dans le commandement intégré de   l’Otan a été confirmé ; Notre pays refuse toujours de soutenir la demande d’une convention pour l’élimination des armes nucléaires mais a décidé de participer à l’installation du bouclier antimissile américain au cœur de l’Europe ; la France est restée   inaudible   sur le dossier israélo palestinien et s’est alignée trop systématiquement sur les stratégies militaristes de l’OTAN et des Etats-Unis.

 

Concernant l’international la reconnaissance de la Palestine par  l’ONU avec le statut de « non membre »   a marqué une victoire politique pour les palestiniens mais n’a pas mis fin à l’occupation israélienne ni à la poursuite de la colonisation, ni au blocus de Gaza qui a subi une nouvelle offensive militaire en novembre dernier.

 

Par contre la difficile transition en Tunisie et en Egypte et le bras de fer entre les islamistes et les démocrates, sur un fond de dégradation économique, sociale et politique, a créé une situation complexe et préoccupante.

 

Et puis il y a cet interminable conflit syrien qui dure depuis 2 ans et se transforme en guerre civile et confessionnelle qui conduit à de terribles épreuves pour la population avec plus de 70 000 victimes et des centaines de milliers d’exilés.   

On pourra y ajouter, l’Irak, l’Afghanistan ou la Libye où les interventions militaires ont laissé des pays meurtris, déstabilisés et en proie à de grandes violences.

 

Enfin si Rio+20 a mobilisé les défenseurs de la planète, leurs voix n’ont pu  empêché des résultats assez décevants en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

 

La logique du profit immédiat a pris,  une fois de plus, le pas sur  développement humain.  

 

Tout au long de l’année notre comité a  évidemment réagi et s’est exprimé sur les événements et l’actualité, par des initiatives ou à travers son bulletin ou encore par des expressions publiques

 

 

Voilà à grands traits le contexte dans lequel les pacifistes audois se sont efforcés   de promouvoir la culture de la paix face aux logiques de forces, de domination et de concentration des richesses.

 

Nous trouverons un moment  tout à l’heure pour visionner  un diaporama qui retrace  quelques temps forts de notre activité durant l’année 2012.

 

 

Je voudrais maintenant poursuivre avec  trois questions d’actualité.

 

D’abord sur les enseignements à tirer des crises internationales et notamment dans le monde arabe.

 

La question de savoir s’il fallait que la France intervienne au Mali pour bloquer l’avancée des groupes djihadistes sur Bamako est presque secondaire en absence d’une  autre alternative réaliste.

Sauf à abandonner le sort des maliens aux mains des groupes criminels  salafistes et leurs comportements moyenâgeux et liberticides.

Maintenant l’urgence est de sortir dans les meilleures conditions et au plus vite   de cette phase militaire qui ne réglera pas, on le sait, tous les problèmes de fond.

Les solutions doivent être à la hauteur des enjeux  comme le réclamait déjà le forum de la société civile pour un autre Mali en avril 2012 : repenser l’indispensable démocratie du Mali ; développer la solidarité envers les plus vulnérables, en l’occurrence les femmes, les jeunes et les ruraux afin que les plus démunis, les plus désespérés ne tombent pas dans les griffes des djihadistes ; instaurer un Etat de droit pour garantir du Nord au Sud, et pour toutes les communautés du pays, la paix et la sécurité.

Les réponses ne se trouveront pas en dehors de la société civile malienne et plus largement africaine.

Reste maintenant les questions que soulève dans le monde arabe le développement de l’islamisme politique.

Cette offensive  est soutenue par des pays comme le Qatar ou l’Arabie saoudite, qui se sont lancés dans une stratégie de conquête politiques, militaires, financières et religieuses  préoccupante.

Sans que cela émotionne les pays occidentaux qui continuent d’accueillir à bras ouverts les émirs qataris et les princes saoudiens qui investissent leurs pétrodollars dans les palaces, les médias, les équipes de football ou la banlieue parisienne.

La crise malienne a ses causes internes mais elle est aussi l’effet direct de la guerre de l’OTAN en Libye qui a alimenté les réseaux islamistes au Sahel en combattants et en armes. Elle trouve aussi son origine dans le  refus persistant d’appliquer les résolutions de l’ONU concernant la question de la Palestine et surtout dans les politiques économiques, politiques et militaires des institutions internationales et des grandes puissances qui ont enfoncé le pays dans la misère, aggravé les tensions parmi les communautés et accéléré  la déliquescence de l’Etat.   

Le monde arabe et une grande partie de l’Afrique sahélienne concentrent aujourd’hui l’essentiel des crises et des conflits sur un fond à la fois de pauvreté et d’exigence de dignité humaine.

Il faut tirer de ces réalités des exigences politiques.

La lutte contre le terrorisme passe d’abord par l’action résolue pour sortir des conditions sociales dramatiques dans lesquelles se trouvent les populations (chômage, pauvreté, malnutrition, sous développement économique et sanitaire,…) et, tout comme la lutte contre les dictatures, elle passe aussi par le soutien aux forces démocratiques qui, dans les différents pays, agissent pour l’émancipation laïque de leurs sociétés et recherchent des issues pacifiques aux tensions.

Ces forces qui refusent de tomber dans la guerre civile ou dans la spirale mortifère des organisations intégristes représentent l’avenir.  

Le Forum Social Mondial   qui se tiendra du 26 au 30 mars 2013 à Tunis, sera un acte de solidarité avec les acteurs des printemps arabes et aussi un moment de convergence avec les mouvements sociaux et citoyens alter mondialistes .

Par ailleurs à l’appel d’Amnesty internationale, la LDH, et d’autres organisations de défense des droits humains, une manifestation internationale est organisée à l’occasion des deux ans de guerre en Syrie,  le vendredi 15 mars prochain entre 19 et 19h30.

Baptisée « une vague blanche pour la Syrie » elle a pour but de dire « Stop » aux crimes contre les civils et faire savoir au peuple syrien qu’il n’est pas seul.

Le Mouvement de la Paix au niveau national a décidé de s’associer à cette journée. Il appartiendra à notre comité et donc à cette Assemblée Générale de décider de l’attitude à tenir en sachant que le collectif local d’Amnesty envisage une initiative à Carcassonne.

 

La deuxième série de réflexion porte sur le concept de Défense.

Le président de la République a décidé de la mise en chantier d'un « Livre Blanc sur la défense et la sécurité de la France ».

Ce type de rapport est destiné à préparer Ie vote d'une nouvelle « Loi de Programmation Militaire » qui encadrera les futurs budgets annuels de la Défense jusqu'à la fin de la décennie.

Cette phase d’élaboration devrait être saisie pour permettre d'aborder largement ce que devrait être une politique de défense et de sécurité. Selon nous elle devrait être plus innovante et s’inscrire dans la construction d'un monde de paix, de justice et de droit international.  

La caractéristique du monde actuel ce n’est pas seulement les crises, les  menaces terroristes ou le tête à tête entre la Chine et les Etats-Unis, mais le développement des relations  entre les pays et entre les peuples,  l'émergence de nouvelles puissances comme le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud,  des préoccupations plus grandes  comme celui du devoir de protéger les populations, la planète et son environnement, une  plus grande  place faite aux sociétés civiles notamment à travers leurs ONG.

Une politique extérieure française devrait s’inscrire dans ce mouvement en soutenant le développement du droit international et la démilitarisation des relations internationales.

Il faut rompre avec une logique de confrontation et avec les alliances expéditionnaires et la force militaire qui prétendent résoudre les crises et     imposer le droit. Il faut donc en bonne logique sortir  de l’institution politico-militaire qu’est l’OTAN et ne plus être prisonnier des politiques et stratégies  américaines.

Par contre il faut donner la force et l’autorité nécessaire à l’ONU pour agir en premier lieu par des moyens politique et diplomatique,  partout où la paix est menacée. Aller dans ce sens ce serait une façon d'aborder la nécessaire réduction des dépenses militaires, de manière politique et pas seulement budgétaire,  d’autant que certains milieux se mobilisent déjà  pour réclamer une relance des crédits d’armement.

 

Enfin s’inscrivant dans le débat sur les concepts de défense je voudrais ajouter une troisième série de remarque sur les armes nucléaires et les doctrines d’utilisation qui en découlent

 

Il nous faut repenser le problème des armes nucléaires et sortir de l’approche “sécuritaire” qui caractérise tous les discours officiels.

Toute utilisation d’armes nucléaires, de façon délibérée ou accidentelle,  aurait des effets catastrophiques et cela justifie leur interdiction.

Rappelons que les plus grands dangers aujourd’hui ne proviennent pas  d’hypothétiques nouvelles armes que nous ne voulons pas, évidemment,  mais des 20 000 têtes nucléaires existantes dont 2000 en état d’alerte permanente et prêtes à l’emploi. 

Depuis des générations, des gens luttent en France pour l’élimination des armes nucléaires. S’organiser et toucher de nouveaux publics est la tâche que s’est fixée la coalition ICAM - France  forte de 64 organisations et coordonnée par  le Mouvement de la Paix. 

Il y a encore beaucoup à faire pour briser le silence sur ces armes, montrer leurs effroyables effets et en même temps délégitimer et démasquer le mythe de la dissuasion. Récemment, de nouvelles voix se sont élevées  comme celle de Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, qui défendent l’idée que la France aurait tout à gagner à entraîner les autres pays vers le désarmement.

L’évolution vers cet objectif pourrait passer en France par la réduction de la panoplie nucléaire en supprimant les missiles aéroportés sur les Rafales, en réduisant le nombre de sous marins nucléaires les missiles  et  têtes nucléaires embarquées.

Le moratoire sur les essais nucléaires établi par François Mitterrand en 1992 avait eu un effet catalyseur sur les autres puissances nucléaires avant que Chirac n’y mette fin. Imaginons l’impact qu’aurait un appel de la France aux autres pays nucléaires pour examiner leur élimination…

Malheureusement notre pays ne prend pas ce chemin. Il ne veut pas s’associer aux 146 pays qui  soutiennent la convention pour l’élimination des armes nucléaires.

Il a clairement refusé de participer à la Conférence sur les "Conséquences humanitaires des armes nucléaires" qui s’est tenu les 4 et 5 mars à Oslo alors que plus de 120 états étaient présents y compris 35 de nos partenaires européens.  

Toujours sur ce sujet,  nous aurons une pensée toute particulière cette après-midi pour nos amis de PACA qui organisent aujourd’hui, en prélude au Forum Social Mondial de Tunis, un Forum thématique intitulé « Une Méditerranée sans armes nucléaires ». Nous leur souhaitons plein succès.

 

D’autres questions auraient méritées d’être évoquées. Nous aurons  l’occasion de le faire tout à l’heure en élaborant notre plan de travail pour la période à venir

 

Merci de votre attention.

Jacques Obriet

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